• BOIS DE HAIES D'HIVER

    BOIS DE HAIES D'HIVER BREIZH REVE

       Taille d'une haie bröonaise en cours, 06-02-2024.

     

       L'hiver en campagne bretonne reste marquée par la coupe du bois, celle des haies notamment, avec trop souvent une forme d'acharnement pour laquelle le besoin de chauffe ou d'argent ne peuvent suffire à plaider. Les résultats brutaux défigurent parfois, et pour longtemps des lieux harmonieux, pertinents, sans que des mesures restauratrices ou fertiles ne suivent. L'abandon s'installe sur ces périphéries de champ, qu'un gros engin viendra nettoyer aux premiers sursauts de flore, à moins que l'éradication de la limite parcellaire ne soit l'enjeu, dans un nouveau remembrement.

       Les propriétaires sont-ils des décisionnaires et des acteurs souverains (soit les vrais propriétaires ménageant gain présent, solide héritage et vision fructueuse) ?

       La comparaison avec plusieurs décennies passées rafraichît les idées, dans un contexte de révolte d'agriculteurs, nationale et européenne, où les règlements, les contrôles et les pénalités sont révélées aussi méchantes, techno-bureaucratiques que... néo-féodales ?

        (Derrière un discours affirmant libéralisme et démocratie... Peuple, liberté ! l'écologie si terriblement instrumentalisée.)

     

    Paysannerie vannetaise / POUËDRAS

         La coupe du bois terminée, par Lucien Pouédras, à l'écomusée de Saint-Dégan, 15-10-2015.

       Lucien Pouëdras en Breizh rêve.

     

       "Dans les pays de bocage, le travail était organisé en rotation. Chaque hiver, les paysans entretenaient le talus d'une haie et émondaient une parcelle différente. C'était souvent leurs femmes et leurs enfants qui fagotaient, ce fagotage exigeant un savoir-faire insoupçonné 3.

       Les haies bocagères étaient une source importante de fagots : ces petites branches fagotées issues de l'émondage servaient à la cuisson (cuisine, pain, forges), voire à la confection de jeux en bois ou en végétaux par les enfants pour qui cette haie était un terrain de jeu (vannage, musique verte). La bourrée, grand fagot d'épines et de ronces, était ainsi principalement destinée au four à pain et à poterie qui exigeaient plusieurs stères de fagots pour le chauffage 4. Entre technique et art, le fagotage marquait ainsi les paysages 5."

       3 Annie Antoine, Dominique Marguerie, Bocages & sociétés, Presses universitaires de Rennes, 2007, p. 54 .

       4 Pierre Brault, Montanel : géographie, histoire, institutions, vie religieuse et langage, vie économique et sociale, l'Amitié par le livre, 1977, p. 40 .

       5 Marie-Armelle Barbier, "Fagoter : pratique d'hier, savoir pour demain ?", Penn ar Bed, nos 153/154,‎ 1994, p. 14-23 (archive) .

       wikipedia.org/wiki/Fagot

      

       "A travers l'émondage traditionnel, se confondaient, se confortaient, deux logiques : l'une de préservation des cultures... et de l'intérêt des propriétaires, l'autre de l'exploitation intensive de la haie 8 productrice de combustibles. Dans l'activité d'émondage se combinaient donc deux opérations : l'entretien des haies, la récolte du bois. Elles étaient si bien liées, qu'il est difficile de décider qu'une phase du travail se rattachait à l'un plus qu'à l'autre."

       8 Lizet propose cette formule, identifiant "une culture du fagot", mais montrant par ailleurs que la production de combustibles n'épuisait pas les ressources de la haie (Lizet 1983).

       In "Émonder les arbres : tradition paysanne, pratique ouvrière", François-Xavier Trivière, Terrain, 16, 1991, 62-77.

       journals.openedition.org/terrain/2998

     

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